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MONROSE


termine, pour éviter des chicanes scandaleuses, à propos de quelques intérêts confondus et fort embrouillés. Par bonheur, j’ai pu m’emparer du pouvoir. Très-humble valet de sa femme, M. Faussin n’a d’un époux que le soin de gagner de l’argent et de fournir à la dépense… Mon père, afin de me consoler un peu de son injustice, m’a laissé en mourant quelques revenus secrets ignorés de mon butor : avec ce petit bien-être, et m’étant rendue libre, je viens à bout de supporter mon état, qui serait bien cruel si je n’avais pas d’un jour à l’autre à espérer qu’un vieillard cacochyme, apoplectique, qui ne dépenserait pas un écu pour se racheter la vie, crèvera subitement et me laissera ses riches dépouilles. » Cette dame pouvait avoir le cœur un peu dur, mais du moins elle avait une précieuse franchise ; au surplus, elle aimait beaucoup sa mère ; elle m’en a dit un bien infini.

« Juliette était une de ces brunes blanches à l’œil brûlant, aux vives couleurs, à la pétulante vivacité : autant de sûrs pronostics d’un impétueux penchant à la galanterie. Dans ce cas, pouvait-elle être l’épouse de M. Faussin, avoir enduré déjà trois ans de cette galère, être pourtant toujours jolie, fraîche et d’humeur gaie, sans qu’elle eût pris soin de se faire quel-