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MONROSE


et tient si peu, dont la moisson, en un mot, ne vaut pas les frais et les travaux de la culture. » Le hasard vous offrit à ma vue il y a quelques mois : « Voilà, me dis-je, l’une des réalités de ces romans auxquels je regrette qu’on ne puisse ajouter foi. » Je cherchai les occasions de vous revoir, mais vous aviez disparu. Une nouvelle faveur du sort me fit vous retrouver pendant le carnaval. Chacune des trois fois que j’ai vu le bal de l’Opéra, je vous ai vu aussi, toujours plus agréable à mes yeux, mais si couru, si fêté, que je me suis imaginé qu’il y avait, apparemment, beaucoup plus que je ne croyais sans doute d’analystes de l’amour telle que je le suis, et à qui peut-être vous aviez la complaisance de faire connaître la cause et la clef. »

« Ici, tenté de prendre tout ce préambule pour l’agréable persifflage d’une amateur qui me périphrasait : « Ayez-moi ! » je me mis à rire, et voulus sauter au cou du féminin orateur.

« — Un moment ! dit-elle, s’opposant à mon galant transport ; j’aurai fini bientôt : ayez jusqu’au bout la complaisance de m’entendre. Plus je vous vis, plus je m’affermis dans le dessein de vous devoir le procédé d’une expérience de laquelle j’attends un grand fruit. Il s’agit pour moi de connaître, non l’amour des livres, mais