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MONROSE


atteint l’âge de douze ans. Dès lors précoce en tout genre, il était également dominé par les passions des vers, de la musique et des femmes. À Venise, un jour le directeur de l’Opéra le surprend à dévirginer de bon courage une enfant de neuf ans, sa fille unique, petit chef-d’œuvre de beauté dans son genre, et dont les prémices n’étaient assurément pas destinées au gaspillage qu’exerçait sur elles l’amoureux Nicetti. L’homme atroce approche, saisit par derrière et tord avec fureur de pauvres petites amulettes[1], hélas ! bien innocentes, car elles n’étaient pas encore assez mûres pour mettre du leur au crime qui se commettait : elles en deviennent les victimes.

Le petit malade est longtemps entre la vie et la mort. En vain, malgré l’intérêt d’en faire un virtuose, a-t-on essayé de lui conserver, s’il est possible, ce qui fait nos plus chères joies ; chaque jour le ravage de l’inflammation exige le sacrifice de quelque parcelle. La macération était générale ; l’enveloppe elle-même ne pouvait être sauvée. Cependant au bout de trois mois, l’habile homme qui dirigeait le plus difficile pansement,

  1. On n’a pas d’autre procédé pour hongrer les béliers en Espagne, mais on s’y prend avec une prudence qu’ici la fureur de la vengeance ne comportait point.