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MONROSE

« À mesure qu’elle parlait, mademoiselle Nicette pâlissait, et l’on voyait le voile du chagrin se déployer sur ce pittoresque visage. En effet, Mimi n’avait point dit tout cela sans dessein, et l’Italienne s’en trouvait fort contrariée. Cette étrangère, qui venait pour la première fois à Versailles, n’avait cessé de répéter dans la voiture combien elle aurait de plaisir à voir le lendemain le spectacle du lever, et à entendre la musique de la messe, curiosité bien naturelle, surtout chez une virtuose. Il y avait lieu de présumer que Nicette, jalouse, comme toutes les femmes, de se montrer avantageusement dans une occasion aussi solennelle, craindrait de compromettre sa fraîcheur dans une veillée. Il s’agissait donc de l’envoyer coucher de bonne heure, nous ménageant ainsi non-seulement le reste de la nuit, mais les heures encore que la curieuse irait passer le matin à la galerie. Mais Nicette, qui ne pensait pas sur toutes choses en femme, regimbait in petto contre l’ouverture faite par notre amie. Nous soupons.

« Malgré le succès de l’audience du soir, et quoique Mimi, non moins pétillante que le champagne, ait déjà fait voler au plafond les bouchons de deux bouteilles, Nicette ne peut être distraite d’un sérieux réfléchi. Nous lui de-