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MONROSE


tiers à la mode des romans), Clarisse ne différait en rien des autres femmes galantes, même de celles qui le sont beaucoup, sinon que chaque caprice était pour elle une passion, en avait la marche (toujours fort rapide de la naissance au dénoûment) et le nom, dont elle ennoblissait, fort ridiculement, ses fréquentes faiblesses.

Pour tâcher de découvrir si peut-être il n’y aurait pas eu déjà quelque prévention de sa part en faveur de notre beau jeune homme, je m’avisai de dire avec gaîté : « Si cependant il vous avait violée ? — Eh mais, répondit-elle avec un soupir plus tendre que badin, il faudrait bien que je m’en consolasse ! — Avouez, ma chère, qu’on n’est pas de cette tournure-là ?… — J’avouerai encore, si vous voulez, qu’on ne viole pas avec plus de grâce… — Qu’il est d’une beauté !… d’une folie !… Qu’il aurait les plus grands torts du monde sans qu’on pût s’empêcher de l’aimer ? » Point de réponse ; pour le coup, je fus au fait. « Eh bien, madame la baronne, ajoutai-je, vous êtes folle de lui ! — Mais il l’est de vous, ma chère comtesse[1]… »

Elle s’était en même temps emparée de mes

  1. On se souvient que Félicia est veuve d’un comte ? Mais elle ne le nomme ni dans sa propre histoire, ni dans celle-ci. (Note de l’éditeur.)