et me fit une loi de ne plus reparaître… Je ne
laissai pourtant pas d’escarmoucher dans quelques
coteries avec de ces fileuses de roman
qu’on a tout de suite, quand on sait les convaincre
qu’elles n’ont rien à prétendre de
mieux. Je voulus aussi goûter de ces dames
qui, faisant imprimer du sentiment pour l’édification
de la société, dérogent aussi lestement
qu’on veut à leur haute morale dans le tête-à-tête.
Mais j’avouerai que la moindre des Phrynés
de l’Académie royale, avec lesquelles Saint-Lubin
arrangeait des soupers, me faisait passer
mon temps dix fois plus agréablement que les
Aspasies gourgandines du cru de son hypocrite
collègue. Il est vrai que le magasin ne m’adressait
pas, comme les catins beaux-esprits, des
poulets bons à mettre dans les journaux ou des
vers du moins fidèles à la rime. Qu’importe !
j’avais le mauvais goût de préférer à ces chefs-d’œuvre
l’illisible griffonnage de vingt extravagantes,
sans art comme sans prétentions, qui
ne savaient parler que de gaudrioles, de plaisir
et d’argent… — Halte-là ! chevalier. Le
voilà donc enfin échappé ce mot argent contre
lequel s’était d’abord révolté votre chatouilleux
amour-propre ! Vous auriez beau nier, je
vous vois d’ici, docile aux adroites insinuations
Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/251
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
MONROSE