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MONROSE


été soumise elle-même aux moindres volontés de son époux, et s’était conduite de manière à présager qu’on pouvait la transplanter à Paris sans péril : je parle du péril de quelque dérangement de réputation ou de fortune, car sur tout le reste, d’Aiglemont prétendait être, ainsi qu’un jour il me l’avait promis[1], le moins soucieux et le plus traitable des hommes.

Lorsqu’il vint me donner chez moi la surprise de ces agréables nouvelles, il me trouva fort occupée des préparatifs de mon nouveau travail. Le recueil des notes que j’épluchais était ouvert justement à l’endroit où j’ai déjà dit que je parlais de lui.

« Oh ! oh ! dit-il, ayant involontairement jeté les yeux sur cet article, vous écrivez encore ?… et j’ai l’avantage de figurer dans vos commentaires ! » J’eus la malice de lui laisser lire toute la tirade. « Fort bien ! je fus donc[2] une brillante étoile… mais j’ai dû pâlir devant le soleil ! La figure est radieuse ! Il paraît, ma chère comtesse, que cette fois vous allez adopter le genre sublime ? — Marquis, ripostai-je un peu piquée à mon tour, vous seriez-vous gâté en province ou dans vos garnisons, et

  1. V. chapitre XXVI de la troisième partie de Félicia.
  2. Monrose, première partie, chapitre III.