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MONROSE


mille traits qu’on sait d’elles… en un mot, avec leur réputation ? — Votre réflexion est juste, répondit mon neveu ; il est très-vrai que ces dames sont confondues, dans l’opinion du public, avec une infinité d’autres auxquelles il refuse son estime. Mais malgré le respect qu’on doit à ses jugements, qui ne sait combien le plus souvent ils sont injustes ! Si ce public, toujours avare d’éloges, préconise parfois le faux mérite ou les vices adroitement masqués, doit-on s’étonner que, s’attachant à des apparences défavorables, il prononce légèrement de rigoureux arrêts contre des personnes qui, mieux examinées, entraîneraient peut-être ses suffrages ? Vous devez savoir mieux que moi, ma chère comtesse, qu’à Paris surtout on est le jouet de mille chocs qui, nous jetant çà et là, en dépit de notre naturel et de nos affections, modifient et souvent dénaturent notre existence, au point de nous rendre enfin méconnaissables à nous-mêmes : mes belles amies étaient toutes deux dans ce cas.

« La nature s’était épuisée en leur faveur ; d’étranges hasards leur avaient préparé des disgrâces cruelles, et, comme tant d’autres, elles s’étaient accrochées, dans leur naufrage, à la planche de la galanterie, qui sauve toutes les