Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
129
MONROSE


par bonheur, j’ai sur moi mon eau de Préval[1]. »

« Au silence, au froufrou dont cet étrange colloque fut immédiatement suivi, nous jugeâmes qu’il valait mieux faire le grand tour, que de demeurer là pendant toute une cérémonie dont la durée ne pouvait au juste se calculer. Mes bonnes amies avaient eu d’abord quelque dépit de voir leur hospice ainsi pollué ; cependant n’ayant à rougir que devant moi, avec qui ce n’était plus le cas de faire des façons, elles ne purent s’empêcher de rire du comique bizarre de cette scène. « Il sera piquant, disait madame de Floricourt, de voir qui sortira du cabinet avec cette dessalée de Moisimont. Peste ! quelle luronne ! Il paraît que, dans leurs recoins de province, ces dames reçoivent d’excellentes leçons : les coulisses de Paris auraient peine à fournir le pendant d’autant de luxure et de cynisme… » « — Et vous ne riez pas aussi de cette folle ! interrompis-je, outrée de voir que le conteur mettait à cette citation le dessein de donner à sa Floricourt un vernis de délicatesse.

  1. Ce spécifique, au moyen duquel on devait pouvoir braver tous les dangers du libertinage, était fort à la mode alors. Quand il a pu perdre toute sa réputation, on peut conjecturer combien il a fait de dupes et multiplié les victimes de la fatale contagion.