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MONROSE


juger de l’excès de plaisir que me causait leur flatteuse rivalité.

« Nous étions enfin dans le boudoir de madame de Floricourt. Elle se hâta de fermer la porte, nous fit asseoir dans le sanctuaire de l’amour[1], y prit aussi sa place, et nous étonna par cette ouverture non moins difficile que franche :

« Enfants, dit-elle, gardons-nous de donner dans un piége que la discorde vient de glisser sous nos pieds, et dont, la première avisée, il est de mon devoir d’avertir. Tu voudrais en vain me cacher, ma chère Belmont, que Monrose t’inspire un goût bien vif : je t’en avoue autant de ma part ; nous sommes amies ; je ne veux pas me brouiller avec toi ; tu penses sans doute de même en ma faveur : allons donc au devant du danger de voir rompue, à l’occasion d’un joli cavalier, cette parfaite et sincère union qui depuis deux ans nous rend heureuses. Que le chevalier s’explique sans déguisement. S’il te préfère, je me sacrifie et te cède sa précieuse possession… — S’il te préfère, se hâta d’interrompre l’amie, prends-le vite avant qu’il me plaise encore davantage. Oui, qu’il te reste, chère Floricourt ; que rien, rien au monde

  1. Ici l’auteur me paraît obscur. Il veut dire apparemment dans la niche du boudoir. (Note de l’éditeur.)