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MONROSE


d’eux le frais embonpoint de l’autre provinciale picotait vivement le petit plénipotentiaire, mais surtout le leste grand-chanoine[1], moins jaloux de garder le décorum, et qui lui disputait vivement cette conquête, à la barbe de l’oublié mari. Celui-ci, très-embarrassé de sa personne, avait visiblement de l’humeur, mais les amulettes de cour lui en imposant, il n’osait rompre, à ces messieurs, en visière.

« Ces différents tableaux m’auraient infiniment amusé si je n’avais eu moi-même un rôle principal, bien plus agréable que celui d’observateur. Placé, en manière d’étranger à qui l’on fait, pour une seule fois, un peu de façons ; assis, dis-je, entre mesdames de Belmont et de Floricourt ; également attiré par l’une et l’autre ; brûlant pour toutes deux et pouvant, sans fatuité, me tenir aussi pour dit qu’elles goûtaient l’émotion que me causait leur charme[2], je n’étais que par moments distrait d’elles et re-

  1. À Mayence et dans quelques autres cours ecclésiastiques, les grands-chanoines sont d’étoffe à devenir électeurs, évêques, souverains, etc. — On nomme ordinairement comtes, en pays étranger, ces seigneurs tonsurés.
  2. Avec beaucoup de charmes, c’est-à-dire de beauté, on peut manquer de charme ; on peut de même avoir beaucoup de charme avec très-peu de beauté : réunir le et les, c’est la perfection à son comble.