Page:Nerciat - Les Aphrodites, 1864.djvu/482

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
LES APHRODITES


d’impatience qu’il ait achevé les matrones[1] pour avoir le plaisir de s’en donner avec lui.

Fringante. — Grand bien lui fasse ! Je t’avoue que dans le temps je fus un peu pi-

  1. Tout récipiendaire au-dessous de trente ans est obligé de couler à fond la première classe, c’est-à-dire celle des vieilles. À l’époque de la réception dont on parle, il y avait dix-neuf quadragénaires, dont la doyenne est encore madame la présidente de Conbanal, âgée de cinquante et un ans. La plus jeune, madame de Restez-y, venait alors de compléter son huitième lustre. À ces deux extrêmes de la liste, le nouveau reçu doit tous les devoirs à discrétion, mais pendant un seul jour pour chacune ; avec les autres, il en est quitte pour un seul hommage, au choix de la dame. Une condition plus dure est de passer parmi les Villettes, les quatre jeudis du premier mois de son existence dans l’ordre, mais il s’en trouve dispensé si quelque dame, de son propre mouvement, daigne l’occuper ce jour-là, ce qui arrive toujours, pour peu que le personnage intéresse. Au surplus, s’il se trouve convaincu, soit d’avoir sollicité, soit d’avoir, par quelque manœuvre, éludé l’invitation d’une dame moins agréable pour se faire inviter ailleurs, non-seulement le frère intrigant n’est plus rachetable par les femmes, mais il tombe aux parties casuelles, c’est-à-dire, chez les Aphrodites, qu’il est, pour tous les jeudis de la première année, dévolu aux andrins, où presque tous les exécuteurs de la moyenne justice de l’ordre se piquent d’être inexorables. Pour lors, il n’y a plus qu’une ressource : c’est de recourir à messieurs de Ribaudaise, Trougalant, abbés Andouillet, du Fauxcon, et autres jeunes habitués, qui, moyennant une légère gratification, se sacrifient pour le pauvre condamné. On trouvera sans doute fort sages ces règlements qui pourvoient pour et contre à des intérêts qu’il était difficile de concilier.