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JEAN S’EN ALLA…


chagrin, et mon frère unique, le plus cher de mes amis, périt, trois ans plus tard, des suites de la blessure qu’il reçut en voulant me venger. Pourrais-je, sans opprobre, conserver le moindre bon sentiment en faveur d’un homme aussi fatal à ma famille qu’à moi-même ?

Le Prince. — Mais un profond repentir…

La Baronne (interrompant.) — Ne peut ressusciter sans doute un père, un frère vertueux et chéri ; ne peut me rendre la considération, l’état que je perdis ; ne peut me dédommager de l’estime publique, de la mienne propre, ni de la paix dont je cessai de jouir dès le moment de ma funeste aventure. Un honnête gentilhomme osa bien m’épouser avec toutes mes taches : peu riche, du moins il pensait noblement. (Un coup d’œil accusatif fait baisser la vue au comte.) Malheureux de m’aimer trop, monsieur de Wakifuth[1], à qui sa santé débile prescrivait de grands ménagements, trouva, malgré moi, dans mes bras, une mort prématurée qui devait m’enlever le seul appui

  1. C’était le même que le comte se souvenait d’avoir vu.
  II.
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