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À QUOI BON ? ON LE SAURA.


époux. Belle, visiblement disposée à jouir des prérogatives de son nouvel état, connue d’ailleurs pour assez peu scrupuleuse, il ne lui fallait que me regarder avec l’apparence de quelques dispositions favorables pour m’enflammer, et me glacer d’autant au préjudice d’Eulalie. Je fus assez fat pour imaginer que la subite augmentation de ma fortune devait changer la face des précédents intérêts, et rendait possible qu’une princesse m’accordât sa main. La comtesse était née d’une maison souveraine. Elle s’aperçut à l’instant de l’effet de ses charmes sur mon cœur ; on ne lui laissa point ignorer mon prochain mariage ; peut-être sa coquetterie vit-elle quelque chose de piquant à me détourner d’Eulalie, qu’elle traitait de morveuse en m’en parlant… Quels reproches ne m’eût-on pas faits si l’on eût su que ce que l’on prenait pour de l’inconséquence était l’excès de la trahison et de l’ingratitude !

Eulalie ne put soutenir son malheur ; elle tomba malade, et faisant appeler son frère, officier des gardes, jusque-là mon meilleur ami, la pauvre fille lui conta de point en