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LE DOCTORAT IMPROMPTU

serait un crime[1] ; mais sous le nom… de Lindane, si tu veux, je vais te crayonner le portrait d’une femme qui a bien voulu se charger du tendre soin d’éclairer mon inexpérience, et de me donner les doux préceptes dont je viens de faire une si heureuse application. Cependant, ma divine, il faudra me permettre de

  1. Solange était fait pour trouver dans son propre cœur ce sentiment de justice et de reconnaissance ; mais, outre cela, l’institutrice aimable (qu’il fera bientôt connaître vaguement) lui avait recommandé pour toujours la discrétion comme l’une des vertus les plus utiles aux galants et comme l’un des moyens les plus sûrs pour qu’ils aient beaucoup de femmes. En effet, celui qui n’a jamais cité ses bonnes fortunes, inspire la confiance ; on hésite moins à le rendre heureux ; il obtient des faveurs qu’on ne regrette point et qu’on ne regrettera jamais ; et quand cette douce chaîne vient à se rompre, il conserve encore l’estime et l’attachement de celles qui n’ont plus d’amour, tandis que le fat, décrié, méprisé, trouve dans ses maîtresses désenchantées autant d’ennemies qui souvent font pis que de lui rendre difficiles de nouvelles intrigues. Que ne peut-on persuader de cette vérité l’essaim de ces avantageux, fatals aux amours, qui ne se plaisent qu’à diffamer celles qu’ils ont pu séduire !
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