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Pendant qu’il cherchait sa calotte et rattachait son manteau, je le devançai dans l’escalier, pour jouir à mon aise de sa confusion ; mais inutilement, le drôle avait déjà repris son masque ; il me salua bénignement et avec l’apparence d’autant de sang-froid que s’il ne lui fût rien arrivé.

De retour à mon cher trou, je vis qu’on disputait vivement. Sylvina pleurait, disait des injures ; Lambert, à ses pieds, parlait avec émotion et tâchait de fléchir ce ressentiment injuste. L’entretien fut long et finit par un faible raccommodement. Lambert obtint à son tour de baiser une main ; après beaucoup de sollicitations, on voulut bien encore lui présenter les deux joues. On était ensemble couci-couci quand on se sépara.




CHAPITRE VIII


Qui tient un peu du précédent, mais qu’on fera bien de lire.


Il faut si peu de chose pour bouleverser une jeune tête que je ne pus fermer l’œil de toute la nuit. Il me semblait bien que les entreprises du téméraire Béatin devaient aboutir à quelque chose ; mais je me tourmentai vainement pour deviner à quoi. J’avais eu beaucoup de plaisir à le voir souffleter ; cependant il me fâchait qu’il l’eût été si tôt. La porte allait probablement lui être interdite à son tour ; et j’étais désolée de ne pouvoir plus compter sur de nouvelles occasions de le voir aux prises avec ma tante.

Pourtant, à force de donner la torture à mon esprit, j’avisai quelque chose qui me parut un moyen infaillible d’apprendre ce que je brûlais de savoir. Mon maître de danse, un jeune homme bien fait, joli, d’une douceur charmante, et qui me traitait avec un tendre respect, Belval,