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cœur des atteintes mortelles. Puis tirant une boîte de sa poche, elle ajouta : Voyez, Madame, si le portrait de ce jeune homme, dont j’admirais la beauté, ne ressemble pas régulièrement à cette miniature. — (Sylvina fut forcée d’en convenir). Eh bien, madame, continua la veuve éplorée, ce cavalier fut mon époux. Il n’est plus ; j’ai mille raisons de ne me consoler jamais de sa mort…

Cependant Sylvina la consolait et voulait la retenir jusqu’à mon retour. Mais mon portrait ne lui en ayant que trop appris, elle résista et se retira suivie de Dupuis, admis à son service.




CHAPITRE XII


Comment on se retrouve au moment qu’on y pense le moins.


C’était la matinée des aventures. S’il était arrivé à Sylvina celle de la visite de Mme  de Kerlandec, j’avais eu à mon tour celle de rencontrer… qui ? le vieux président et son grand imbécile de gendre, M. de la Caffardière. La remise qui voiturait ces illustres provinciaux allait s’arrêter précisément devant ma porte comme je sortais. Mon cocher rendait la main, mes chevaux s’élançaient avec feu ; les haridelles de l’autre voiture, manquant de bouche et ne pouvant être reculées assez tôt, la flèche de mon carrosse les prit en flanc, toutes deux furent abattues du coup. Heureusement mes chevaux ne se blessèrent point ; cela n’empêcha pas que mon cocher ne fît grand bruit, et si, mettant les uns et les autres la tête aux portières, nous n’avions pas fait des exclamations de reconnaissance, le conducteur de ces messieurs aurait, sans doute, essuyé quelques bons coups de fouet.