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tu ne répugnes pas à penser qu’une forte sympathie nous avait destinés de tout temps l’un à l’autre, tu as envers moi des devoirs à remplir dont tu n’es pas affranchi, quoique, par une heureuse bizarrerie, notre intrigue ait commencé par où les autres ont coutume de se dénouer. L’une des premières lois de l’amour est de ne se point partager. Tu es à moi ; tu me dois le sacrifice de tout ce que l’on pourra t’offrir de plaisir. Ce sera à moi de te permettre ou défendre à cet égard, ce que je jugerai à propos. Tu dois de même trouver bon que j’agrée ou refuse à ma volonté les désirs dont tu pourras me faire part. Ton sexe est fait pour mériter les faveurs du mien ; tu goûteras mieux celles que je pourrai t’accorder, quand elles seront le prix de tes soins et le gage de ma satisfaction.

Monrose promit tout ce que je voulus. Il aimait : son âme ingénue était pénétrée de cette première ferveur qui rend incapable d’égoïsme et de méfiance. Il ne fit pas attention qu’en lui prescrivant des engagements, je ne m’en imposais aucuns, il prononça mille vœux à mes genoux, avec l’enthousiasme de la passion et du respect.

Beautés qui pouvez être jalouses d’une pure adoration, c’est à l’âge de Monrose qu’il faut prendre les hommes, si vous voulez respirer un moment cet encens délicat. Un moment, entendez-vous ? Car bientôt ces cœurs si francs, si sensibles, participent à la contagion générale : alors vous devenez les dupes de ceux que vous croyez duper. On se lasse d’entretenir l’illusion de votre orgueil. Les adorateurs s’enfuient en se moquant. Vous demeurez rongées de regrets et couvertes de ridicule.

Monrose était de bonne foi ; cependant, je me souciais fort peu d’être adorée. Cela ne m’a jamais flattée : j’ai toujours souhaité court amour et longue amitié. Mais j’ai dit mes raisons. Toutes les femmes qui se proposent de tromper n’en ont pas d’aussi délicates. Revenons à notre sujet.

Monrose ne fut pas longtemps sans avoir des confidences à me faire. Il ne restait jamais seul avec Sylvina, qu’elle ne