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Cependant le plus déterminé, donnant l’exemple, son camarade le suivit ; ils piquèrent de notre côté, le pistolet à la main. Nous connûmes aussitôt au langage et à l’habillement de ces honnêtes gens qu’ils étaient Anglais. L’aspect des armes à feu ne laissa pas d’en imposer à nos ennemis, qui n’avaient que des sabres et des bâtons. Nous courûmes au-devant de nos défenseurs et nous nous retranchâmes derrière leurs chevaux. Le beau jeune homme, qui par bonheur parlait l’anglais, raconta en peu de mots ce qui venait d’arriver. Cependant les soldats faisaient mine de vouloir charger. Au même moment une chaise parut. C’était celle du maître des courriers ; il les avait suivis des yeux et ayant entendu du tumulte, il s’était détourné comme eux, pour venir à notre secours.

Nous vîmes à l’instant s’élancer hors de la voiture, encore roulante, un très bel homme, armé d’un large coutelas dont il frappa d’estoc et de taille avant d’avoir pris la peine de faire la moindre question. À l’instant, tous les coquins, à l’exception de celui qui s’était mis aux trousses de Thérèse, firent front et s’escrimèrent. Le beau jeune homme, à côté de notre nouveau protecteur, le secondait en héros. À peine eut-on ferraillé quelques minutes que les marauds furent hors de combat, percés, balafrés et fracassés de quatre coups de pistolet que la cavalerie venait de tirer. Le bruit de cette décharge ayant fait fuir l’agresseur de Thérèse, elle reparut sans coiffure, échevelée, les tétons à l’air et soutenant comme elle pouvait ses jupes, dont les cordons étaient coupés.

Deux des malheureux étaient sans vie. Les autres demandèrent quartier, on dédaigna de continuer à leur faire la guerre. Le brave Anglais eut même la générosité de faire visiter et bander leurs plaies par un de ses gens qui était bon chirurgien.

Tandis que d’un côté l’on prenait ce soin charitable, de l’autre, nos chevaliers secouraient Sylvina qui s’était évanouie pendant la bataille, puis on ajouta pour un moment à notre voiture les chevaux de selle de l’Anglais. Celui-ci,