C’est assez plaisanter !
Dites ! Combien !
Trente-deux mille francs !
C’est tout ?… Mais ce n’est rien ?
Auriez vous cet argent ?
Mais avec ce carnet que j’ai dans ma sacoche,
Je signe un chèque… et peux remercier ainsi
Ceux qui m’ont fait la charité !… Tenez ! Voici !…
Il est bon !… En douter serait me faire injure…
Un autre sou de moi !… Prenez !
Prosper Rompard !
Mon père !
Pardonnez, mon père !
Quand je suis revenu de là-bas, sans écrire,
J’ai longtemps réfléchi, tandis que le navire
Fendait les flots mouvants !… J’apportais un trésor,
Mais j’avais bien vieilli à la chasse de l’or ;
Les rides ont creusé sans pitié mon visage ;
Et je pensais ceci : De mon lointain voyage,
Si j’étais revenu pauvre comme en partant,
Serais-je bien reçu ? Aurait-on l’air content
De mon retour ? Voilà pourquoi, sous ce costume,
À votre porte, j’ai frappé !… Quelle amertume
De voir comme on reçoit chez vous les miséreux !
Par contre, ici, combien je fus vraiment heureux
De l’accueil qu’on me fît, sans même me connaître !
Quel bonheur j’ai senti pénétrer tout mon être
En voyant que j’aurais quelqu’un pour bien m’aimer !….
Mais toi, que j’entendais à l’instant blasphémer,
Je ne te connais plus !… Va !… Tu n’es plus ma fille !…