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Vers la Fée Viviane


Pour se fondre en la même bruine de clarté,
Des larges baies qui doublent les forêts côtières
Et de la vasque où luit, en un coin écarté,
Une eau rare cachée dans les rocs insulaires,
Étroit miroir où joue l’ombre d’une herbe frêle.

Mais tout s’ignore des quelques humains nichés
À l’abri des pierreux remparts de l’île pâle,
Épars sur le sol maigre et qui ne se révèlent
Que par de minces traits nets ou effilochés
De fumée bise ou bleue ou nuancée d’opale.
D’autres baies savent les sillages des canots.
Qu’ils lancent vers la longue côte nourricière,
D’ici points noirs, débris jetés filant sur l’eau.

Et l’on rêve à la proche et nébuleuse terre,
À sa grève, au silence effarant de ses ports,
À ses côtes, plus ignorées de l’« autre bord »
Que rongent insensiblement les flots du large ;
À des sites bornés — et peut-être divins,
Qui seraient, — pourquoi non ? — les grisants paysages