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Vers la Fée Viviane

Baignée d’une lueur d’aigue-marine et de topaze,
Vibrante des soupirs des grandes palmes et des vagues.

Dans l’île, nous aurions notre île à nous,
Séparée de tout par l’océan des feuilles,
Nous jouerions aux « pauvres âmes esseulées »
Que le monde entier réprouve et désavoue…

Et je ne vivrais que pour être à jamais tien :
Je te prendrais dans mes bras, le matin,
Quand un peu maussade, faisant la moue,
Tu voudrais te lever, lassée d’amour ;
Et je te garderais tendrement contre moi.
Puis si tu insistais pour m’échapper quand même,
J’irais te baigner comme une enfant
Dans le bassin rosé de pétales flottants…
Je poserais ton beau madras, ce diadème
De soyeux rayons d’ambre et de pourpre des soirs,
Sur tes frisettes crespelées aux sombres moires,
Et ton collier de grosses baies d’or creux
Qui prend un éclat presque liquide
Ou mélancoliquement stellaire
Sur l’or plus fauve et chaud de ton col langoureux
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