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Vers la Fée Viviane

Comme les violettes des vieux soirs
Qui ne sont plus que de la brume dans l’espace ?

Hélas ! déjà naît un amour nouveau
Qui dissipe aux lointains la souvenance aimée…
N’es-tu, vraiment, aujourd’hui qu’un peu de fumée,
Ô passion qui rendais le monde si beau ?
Et ce nouvel amour est tyrannique et rude ;
Il est plein de remords et sans joie ;
Je pleure d’espérer, en mon ingratitude,
Un bonheur qui ne viendra pas de toi.

II

D’autres, d’autres encore ont passé, prestes,
Dans le ciel de mon rêve,
Images fuyantes, inachevées,
Ombres d’oiseaux qu’un flot mouvant reflète…

…Mais, un soir que voguaient loin les tendres pensées,
Noyées dans l’Éternel et l’Absolu,
l’appris comment on a l’âme blessée
Du Vrai Amour dont on ne guérit plus.
La nuit tombait, une lumière pâle