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Quant aux traditions musulmanes, dont l’étude critique est encore à ses débuts, « on se heurte partout au truquage »[1]. Il nous suffit ici de signaler combien elles sont tardives et, quand nous aurons ajouté que l’orgueil des musulmans leur faisait mépriser et omettre tout ce qui n’était pas à leur louange, on comprendra pourquoi l’histoire des Arabes chrétiens du vie au viie siècle a toujours été laissée dans l’ombre. Aujourd’hui encore, lorsque les écrivains syriens contemporains nous ont fourni tant de détails intéressants, tous ces détails ont été condensés en quelques lignes ou, tout au plus, en quelques pages et ne donnent qu’une idée bien affaiblie du nombre, de la force et des coutumes des Arabes chrétiens et du rôle capital joué par eux au début de l’islam.

On croit aussi, assez généralement, qu’à cette époque tous les Arabes étaient en Arabie et que tous les musulmans sortaient d’Arabie, lorsqu’en réalité les Arabes couvraient la Palestine, la Syrie, la Mésopotamie et une partie de la Perse, et encore ceux-ci étaient seuls à avoir des rois illustres, à avoir appris la grande guerre depuis plusieurs siècles, les uns contre les autres, dans les armées des Perses et des Grecs ; ils avaient pillé tour à tour la Palestine, la Syrie, l’Osrhoène, la Mésopotamie, la Perse, et l’islam ne devait leur être qu’un prétexte pour piller ces régions une fois de plus. Ils connaissaient le chemin de Byzance ; l’envoyé du roi de Hira s’était

    variantes ; à moins de recevoir une pièce de vers de la bouche de son auteur, on la reçoit avec des mots changés, des vers ajoutés, omis ou déplacés. » André Basset, Poésies touarègues, recueillies par le Père de Foucauld, Paris, 1925, t. I, p. i à iii.

  1. Cf. H. Lammens, Fatima et les filles de Mahomet, Rome, 1912, p. 133. Le même auteur a encore écrit : « La tradition musulmane peut être considérée comme une des plus grandes supercheries historiques dont les annales littéraires aient gardé le souvenir » ; cf. Qoran et tradition, dans Recherches de science religieuse, t. I, 1910, p. 29.