Aux soins du corps s’ajoutaient d’ailleurs ceux de l’esprit et des yeux.
Les nestoriens de l’Orient, qui voulaient attirer les simples à leur erreur et enchanter l’oreille des séculiers, avaient pris soin d’établir une école dans chacun de leurs bourgs pour ainsi dire. Ils les avaient organisées avec des chants, des cantiques, des répons et des hymnes, qui étaient dits de la même manière en tout lieu où ils étaient. Les monophysites « émus d’un zèle louable » s’efforcèrent d’en faire autant. Ibid., p. 65-66. Marouta donna d’ailleurs tous ses soins à la solennité des offices. Ibid., p. 81-82. Et chacun pouvait voir les pratiques ascétiques et les austérités de bien des moines que les légendes, écrites et orales, propageaient et amplifiaient encore : leur jeûne laborieux et continu, leurs offices et leurs prières sans fin, leurs gémissements émouvants dans les prières, leurs veilles prolongées, leurs génuflexions réitérées, leurs adorations profondes, et ceux qui ont choisi la station sur des colonnes ou qui ne se reposent pas sur la terre (qui ne se couchent pas) et ceux qui ne mangent pas de pain durant le jeûne. Ibid., p. 87-88.
5. — L’islam allait trouver ainsi des hommes rompus aux jeûnes, aux aumônes, aux inclinaisons, aux prosternations. Marouta avait même ordonné aux femmes de tresser leurs cheveux et les avait revêtues d’un voile. Ibid., p. 84. Il devait être bien facile de passer de là au voile des musulmanes.
Marouta n’avait fait d’ailleurs que généraliser une pratique de moniales syriennes ; à Nisibe, Fébronie se couvrait le visage d’un voile, afin de le cacher aux yeux des personnes du dehors, sans excepter celles de son sexe. Dans le diocèse de Théodoret, Domnina ne voyait personne et personne ne pouvait voir son visage. Cet évêque a aussi écrit la vie des saintes Marana et Gyra, qui portaient une longue robe leur descendant jusqu’aux pieds, avec un grand voile qui venait jusqu’à la ceinture et leur cachait le visage, les mains et la poitrine (cf. P. L., t. LXXIV, col. 112-113). L’usage du voile était sans doute plus répandu en Orient que nous ne pouvons le croire et le Qoran n’a rien innové, car saint Paul