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tel lieu grand et accompli. » Ce monastère fut appelé de Ga’taui ou de saint Mar Aḥoudemmeh (Patrologia Orientalis = P.O., t. III, p. 19 à 32).

3. — Un successeur d’Aḥoudemmeh, nommé Marouta (565 à 649), a construit aussi un monastère, comme œuvre d’utilité publique.

Il réunit des hommes saints et divins et les conduisit au milieu du désert. Il y trouva une source qui était très petite et ne pouvait pas couler. Il y travailla beaucoup et la dégagea, car il était expérimenté pour les travaux de ce genre. Il avait aussi avec lui des bienheureux habiles qui travaillèrent à cela. Quand Dieu vit leur bonne volonté, il montra cette source comme un fleuve copieux et abondant. Marouta y construisit un monastère en l’honneur de Mar Sergius ; il y mit beaucoup de livres d’office, lui acquit des possessions matérielles et y installa de nombreux moines des plus vénérables et des plus mortifiés… par eux et par ce monastère fut pacifiée toute la Mésopotamie, parce qu’il était situé au milieu. Dieu, par les mains de notre père, en fit un refuge, un port et un lieu de repos pour quiconque voyage et demeure dans ce désert. Ceux qui traversent le désert pour aller à ‘Aqoula s’y reposent, c’est leur port. Ceux qui vont de l’Euphrate au Tigre et du Tigre à l’Euphrate s’y arrêtent. Il faut voir les campements qui l’ont quitté et ceux qui y habitent, y mangent à leur faim, se rassasient, boivent et se rafraîchissent. Les indigents, les malades et les faibles y sont apportés, surtout par les peuples qui habitent la Mésopotamie ; ils y sont guéris, en sortent fortifiés, et en bonne santé, et secourus quant au corps et quant à l’esprit. Ibid., p. 85-87.

4. — En sus de ces monastères philanthropiques, il y en avait un peu partout de très nombreux, car bien des personnes riches en fondaient un ou deux, à l’exemple de la reine Širin. — Près du village natal de Marouta, le monastère de Mar Samuel avait quarante moines et, un peu plus loin, celui de Nardas en avait soixante-dix. Ibid., p. 64, 67. Les citations précédentes donnent une idée assez nette de l’influence des chrétiens en Mésopotamie ; dans chaque tribu il y avait un prêtre et un diacre et il y avait sans doute peu de Bédouins qui ne soient allés boire et manger dans l’un des monastères fondés pour eux.