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l’utilisation de toutes les terres susceptibles de culture. De nombreux villages, aujourd’hui en ruine, abritaient une population mêlée de Syriens et d’Arabes qui commerçait activement, cultivait l’olivier, la vigne, les céréales et se livrait à l’industrie de la laine… « C’est un sujet constant d’étonnement pour le voyageur de rencontrer sur toute la frontière orientale de la Syrie, dans des contrées aujourd’hui désertes, des villages en ruine qui datent de l’époque romaine. » Cf. Les Arabes en Syrie avant l’islam, Paris, 1907, p. 5 et 7.

Les musulmans en faisant disparaître les chrétiens ont aussi « reculé les limites du désert », mais en sens inverse.


3. — Après cet exposé de l’état de l’Arabie au viie siècle et surtout du mécanisme des infiltrations et des invasions qui ont conduit des Arabes en Mésopotamie, en Syrie, en Palestine et jusqu’en Perse et en Égypte, nous allons résumer dans les chapitres suivants ce que les auteurs syriens nous apprennent : 1° des Arabes chrétiens de la Mésopotamie, 2° de ceux du désert de Syrie, soit de l’est (Lakhmides de Hira), soit de l’ouest (Ghassanides) qui dominaient en Transjordanie (Bostra).

Nous trouverons partout les Arabes chrétiens nombreux, puissants, respectés, avec des moines, des monastères, un clergé, des églises, des rois. Nous verrons comment les Perses et les Grecs ont détruit par jalousie les royaumes des Arabes nestoriens et des Arabes monophysites qui les avaient fait trembler, pour les remplacer par une anarchie de tribus sans cohésion dont ils croyaient n’avoir plus rien à craindre. Il a suffi à Mahomet de souder à nouveau ces tribus, pour que les Arabes de Syrie jadis chrétiens retrouvent aussitôt les succès auxquels les avaient accoutumés les rois Mundhir de Hira et les rois Ḥarith, Mondir et Noman de Damas et de Bostra[1].

  1. Nous écrivons chez les Ghassanides : Mondir et Noman, comme l’a fait Payne Smith ; à Hira, nous avons écrit : Mundhir et Nu‘man (bien que ce