Page:Nau - Les Arabes chrétiens de Mésopotamie et de Syrie, du VIIe au VIIIe siècle.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.
étendue de territoires qui va des confins de la Syrie au golfe Persique, le long de l’Euphrate, et s’enfonce à l’ouest jusqu’au Sinaï ; au sud, il est borné par les déserts de sable rouge, les Nefouds, qui entourent le Nedjed ; il renferme des oasis, des pâturages immenses, des terres jadis fertiles et habitées, que le pacage indéfini des nomades a rendues stériles… Les Shammar commencent par occuper Palmyre et par couvrir tout l’espace situé entre Damas et Bagdad, interceptant ainsi la route traditionnelle des caravanes de l’Inde. Ils soumettent les riverains de l’Euphrate et rançonnent les villes bâties sur ce fleuve. Comme les Sultans étaient occupés en Europe, ils ont le temps de s’installer dans leurs conquêtes qu’ils ont poussées jusqu’à Biredjik.

 La tribu des Anaïzeh, plus nombreuse que celle des Shammar, voulut alors prendre sa part du butin. Les Shammar furent vaincus et furent rejetés, à travers l’Euphrate, dans la grande plaine de la Mésopotamie où, trouvant un sol plus riche et plus fertile que celui dont ils venaient d’être expulsés, ils s’établirent aux dépens des Arabes de la tribu de Ṭaï qui succombèrent. De là, ils poussèrent leurs incursions jusqu’à Mossoul et en Perse au delà du Tigre. Bagdad fut menacé, les villes de la vallée du Tigre, Mossoul excepté, eurent le sort des villes de la vallée de l’Euphrate et la vie sédentaire disparut. À cause des défaites des musulmans en Autriche, la Mésopotamie fut laissée aux Shammar et aux Anaïzeh. Ils y ont introduit la misère bestiale et un état de guerre continuel, non un état de guerre actif, mais l’état de guerre des animaux, qui ont chaque matin leur nourriture à conquérir et un licol à éviter.


On lit encore au même endroit :


P. 866 : Les villes s’éteignirent avec la destruction du commerce et la fin des caravanes, l’agriculture et la vie sédentaire ne furent plus qu’un souvenir, dont il n’y eut bientôt plus de trace. P. 871 : La Mésopotamie qui a eu plus de vingt millions d’âmes n’en comptait plus (vers 1870) que quatre cent mille. P. 869 : Le nomade et la charrue ne vont pas ensemble. P. 854 : Mahomet aurait dit : « Partout où pénètre une charrue, la honte et la servitude entrent avec elle. »


Cela tient moins à la vie nomade (quoi qu’en dise Mme  Blunt) qu’à l’islam, où la guerre a remplacé le travail et qui n’a donc été qu’une école de paresse ; car, avant l’islam, sur les frontières du désert de Syrie, M. René Dussaud a constaté que des agriculteurs « avaient reculé les limites du désert » par