qu’on peut lui rapporter la formation des peuples et des langues sémitiques. De la Perse à la Méditerranée et à l’Égypte, les Arabes du viie siècle ont trouvé soit des frères, soit des descendants d’ancêtres communs, qui parlaient des langues apparentées et qu’il a donc été relativement facile de grouper sous un même étendard autour d’un même livre.
Pour expliquer les migrations des Arabes, on a supposé qu’il y avait eu un asséchement progressif de la péninsule ; mais cette hypothèse, serait-elle exacte, est inutile, puisque l’asséchement actuel ne vient pas de causes climatériques ou géologiques, mais tient seulement, comme nous l’avons dit, à l’état politique et à la paresse des habitants. L’Arabie pourrait nourrir beaucoup plus d’habitants qu’elle n’en a ; la guerre arabo-égyptienne a fait découvrir derrière les montagnes du Tihama un pays (l’Asyr) très peuplé et cultivé, que les cartes d’alors laissaient en blanc[1]. La carte d’Arabie, telle que Ptolémée la connaissait, montre aussi que c’était un pays suffisamment habité, lorsque les hommes travaillaient et commerçaient[2], conditions qui étaient encore vérifiées au début de l’islam.
Pour donner une idée des anciennes infiltrations massives des Arabes, jusque et y compris celle des Bédouins du Hidjaz qui a déclenché au viie siècle le mouvement islamique, nous allons citer l’infiltration massive beaucoup plus récente (xviie au xviiie siècle), qui a amené deux tribus de Bédouins, les Shammar et les Anaïzeh, du nord de l’Arabie jusqu’au delà du Tigre[3].
Lorsque Mahomet IV assiégeait Vienne (1680), une horde de Shammar, venus du Nedjed, s’empare de tout le Hamad, qui est cette vaste