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Brutaux et prompts aux cent prunelles rougeoyantes
Se ruent, là-bas, au ras des maisons,

Hurlant sinistrement sur l’eau d’Erèbe.

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Tu flottes au fil des monotones saisons

Sans que jamais t’enlève un rêve,

Plutôt craintive de l’angoisse du Nouveau,

Sans même envier à d’autres leurs joies

Quand passent avec leurs novios

Les Senoritas froufroutantes de soie,

Dont le rire blanc chatoie et dont l’œit se noie,
Ton sourire un peu machinal se nuance

D’admirative compassion,

Car elle dit l’attiédissante < expérience

Que le bonheur est le néant d’impression,

Le repos neutre, sans sounrance.

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Tu vis en tout au seuil de l’Inconnu,

D’une existence passive et repliée

Qu’absorbent des soucis menus,

Sans connaître, même de nom,

L’énorme terre âpre, sauvage, incendiée,

Proche sous l’anneau de béryl de l’horizon,

La libre terre d’errance vaste où se jouent

De grands drames féroces et mystérieux,

Le Sahara dont le vent sec brûle ta joue,

Dont la tristesse d’or fauve couve en tes yeux.

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