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Ses vagues craintes au sujet de son médecin-adjoint sont peut-être même détruites par mon acharnement ; ma folie l’aura suggestionné, doit-il songer.

Éperdu, je cherche à me « rattraper », à me sauver dans son opinion. Comment m’y prendre ? Quelles paroles employer ? Ne serai-je pas plus habile en lui avouant tout ce que je pense, — si maladroitement que ce soit ? Je criele moins fort possible :

— Docteur ! Non ! ne me condamnez pas ainsi d’un geste ! Je sais ce que vous vous figurez ; vous me croyez victime d’une idée fixe ! Ne dites pas non : j’en suis sûr ! — Mais il n’en est rien ! Pour vous montrer que je ne divague pas le moins du monde, je me hâte d’ajouter à ce que j’avançais, un peu violemment, il y a une minute, que — tout en ayant en horreur votre confrère Bid’homme, tout en le considérant comme dangereux et néfaste pour vos pensionnaires, je puis parfaitement détourner ma pensée de lui, que j’ai songé aujourd’hui à mille choses auxquelles il était étranger. Voulez-vous que je vous parle de mon réveil, ce matin, ici, dans cette chambre ? Que je vous raconte ce qui s’est passé dans ma tête, — en vous faisant distinguer, très lucidement, les idées saines conçues alors, de celles où se retrouvait l’influence de mes troubles mentaux déjà en voie de guérison ? — Voulez-vous être certain que je ne suis ni sournois, ni vindicatif comme le sont la plupart des aliénés ? Eh bien !