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se met à danser, à faire des culbutes, à redanser en singeant les gestes des ballerines de foire ; puis il saute sur place, infatigablement, en criant : hop ! hop ! et en s’esclaffant ; son rictus s’adoucit, devient satisfait, presque joyeux. Visiblement il se trouve drôle et fait le gentil ; mais tout à coup il se prend à hurler, se roule par terre, se redresse, exécute une série de sauts périlleux, toujours en hurlant, bondit, retombe sur le plancher de sa cage et se tord dans une sorte d’attaque d’épilepsie qui dure peut-être vingt secondes ; après quoi il se remet à danser sur place, tout en se grattant et en souriant d’un air absent. Le furieux, lui, grimpe le long des barreaux de la fenêtre, essaye de cracher sur nous, tente de secouer le fort grillage, beugle et râle, tandis que ses yeux semblent près de jaillir hors de sa tête. Il déchire ses loques, se griffe la… figure jusqu’au sang, brame, sanglote d’exaspération impuissante ; — ah ! ne pouvoir nous mordre, nous tordre, nous arracher la peau ! — Ses griffes nous visent ; il étouffe ; sa face devient violâtre, presque noire !

— Ah çà ! Léonard ! Mais j’en ai assez de regarder ces malheureux phénomènes ! Ils me font mal. Sans compter que notre présence leur est nuisible. Ces crises-là doivent les épuiser. Seuls, ils peuvent se terrer dans quelque coin, dormir en boule ou la tête en bas, à leur convenance, en tout cas, s’apaiser : je m’en vais, moi !

— Bon, bon ! nous nous en allons. Mais ajoute