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ler que je l’aime, mais cet enthousiasme ne m’a pas « embrasé ». J’en délire presque mais ce n’est pas un « feu dévorant » selon le cliché consacré. C’est en mon cœur comme une rosée florale paradisiaquement embaumée.

Et la délicieuse « princesse » :

— Approchez-vous donc ! Je tiens à bien voir la figure d’un vrai paladin. Bon ! je m’attendais à ceci : vous n’êtes pas beau du tout, du tout ! mais les gens de votre valeur n’ont que faire d’agréments physiques. Une flamme brille dans vos yeux, une flamme que je préfère aux grâces de mille bellâtres.

Mes pauvres yeux ! Est-ce l’amour seul qui les allume ? La folie n’est-elle pas pour quelque chose dans leur éclat enflammé ?

J’ai plus que jamais peur de la « force ennemie » : Si j’allais oublier que je l’aime, l’Exquise ! Oh ! si un nouvel accès de mon mal me replongeait dans l’abîme d’où je sors à peine, dans l’âpre torrent nocturne où se noierait mon seul bonheur qui est de l’aimer !

Elle reprend avec un peu d’impatience :

— Mais que vous êtes donc froid pour un héros ! Vous ne m’avez pas répondu une syllabe ! Mais, dites-moi vite que vous m’aimez ! Je veux que vous m’aimiez ! Moi, je ne puis m’engager ainsi dès la première minute, — une femme ! — Mais n’est-ce pas déjà une immense faveur que je vous fais en vous pressant de vous déclarer ! N’est-ce pas de bon augure ? Allons, vite ! Dites-moi que vous m’aimez !