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chien-caniche. À ma gauche mon artillerie, à ma droite la Glouère et l’Étoile de l’Honneur. Vivent la République et l’Empereur ! En avant les bonnets à poil et les Chass’d’Af’ ! Enlevons la tour Malakoff et le Palais d’Été ! Ça y est ! C’est pas pus long que çà, à la baïonnette ! Jamais de truqué avec nous ! Gornadiers j’suis content d’vous, tas d’veaux ! ’Core un peu d’canon et d’mitraille pour dessiper les derniers vertiges de la Cosaquerie ! Poûm !! Assez à présent. Y en a plus ! Le Français est grand et généreux, il épargne toujours les morts ! Je leur pardonne à tous et je les décore comme tous mes régiments. Sommes tous des frères, y a rien comme de se coller un coup de torchon pour s’aimer après. Maintenant y a pus d’morts ! Je vous raissuxite tous ! Amnistie ! Tous dans les bras les uns des autres ou je vous fous à l’osto ! V’là c’que c’est que la guerre, l’école du sentiment et de l’héroïsse !… Ah ! lâche Kabyle ! tu me craches un pruneau !…

Il retombe.

— Fourrez-moi çà au silo avant que j’agonise : on le fusillera après. Je meurs ! Je meurs ! Mais heureusement que v’là Badinguet qui m’apporte la Croix de l’Estruction publique enrichie de diamants, le bâton de gros-major et c’qui s’en suit — dans un grand coffret d’ouate capitonnée. Y frotte ça sur un pan de son paletot pour que ça r’luise. Y pleure ! J’ai reçu une larme d’Empereur dans la narine ! Je meurs content. Vive la France ! Couic !… Ah ! ça y est puisque j’ai dit couic !…