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si invraisemblablement surhumaine qu’un Saint lui-même le prendrait en grippe et le reconnaîtrait du premier coup d’œil pour un incurable mauvais drôle.

Il tient absolument à nous donner le change :

— Qu’est-ce qui te prend donc, mon vieux Léonard ? fait-il avec onction. Tu croyais que j’allais t’en envoyer un ? Non ! non ! c’est plus dans mes jeux. Je voulais seulement te donner une petite séance ainsi qu’à ce Monsieur qui est ton ami. Tiens, regarde un peu ! V’là « l’transport sacré qui m’travaille.  »

Il s’étale sur le sol, puis se tortille comme un ver. Un peu de bave lui vient aux lèvres, il rauque.

— Nom de nom ! Vous le voyez-t-y le prophète, le bougre de prophète ! J’vas vous dire eul’présent, eul’passé, eul’futur et l’reste : j’vous prédis pour 1859 (nous sommes en 1897), la bataille de Sorférino, Palostro, Palikrao et tout l’tremblement. J’suis-t-y bon prophète ? Je me suis-t-y trompé ? Ça s’est-y pas passé comme j’ai dit ? Tenez : j’vas vous la faire, moi, la bataille eud’ Sorférino.

Il se relève, galope un instant autour de nous qui ne le perdons pas de l’œil. Il râle d’une voix d’alcoolique :

— J’suis Mac-Mahon, Bolivar, Garibaldi et tous les gars du Coup d’État. Devant moi y a l’Autrechien, l’Horlandais et c’te clique en général ! Derrière moi mes troupes, que c’est dressé comme du