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pont douché comme un patient de Bid’homme….. Et l’on se retrouvait grimpant ailleurs dans le noir, dans l’ouragan et les souffletants, les brisants paquets de mer. Les doigts cédaient, se décollaient du chanvre goudronné, se ragrippaient éperdument ; tant pis pour les ongles qui s’arrachaient !

Au matin on constatait qu’une chaloupe avait disparu ou qu’un « rouf » avait été à moitié démoli et par de beaux temps bleus et allègres nous rétablissions la voilure et refilions grand largue ou vent-arrière sur la mer de lapis-lazuli fluide qui roulait encore de petites collines d’eau, assez dangereuses malgré leur souriante luisance céruléenne.

….. En tout cas je n’aurai pas brillé comme marin. Le capitaine, révolté de mon affreuse maladresse et de mon ahurissement, a tenté par deux fois de « m’ouvrir les idées » en me mettant aux fers après des bêtises de calibre par trop monumental. Mais il a dû abandonner tout espoir de faire de moi un gabier tolérable et s’en console en me chargeant des corvées les plus particulièrement sales et répugnantes. Comme ce n’est pas, je le répète, un mauvais homme, en dépit des qualificatifs stercoraires dont il me décore à l’heure et à la journée, comme il a le grog facile et se montre assez jovial les jours de « belle brise », je garderai de lui un souvenir qui n’aura rien d’effrayant.

Et Kmôhoûn ? — Cet ex-mangeur de Tkoukriens tout crus fait le mort, s’abandonne complètement. Ce n’est que la veille de notre arrivée à la Pointe-à-