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V

Je ne dirai rien de la Pointe-à-Pitre. J’ai été malade tout le temps qu’a duré le déchargement…..

Nous avons « relevé » pour la Martinique où nous arrivons ce matin. (J’ai appris que « Mme  Letellier, femme du gouverneur de la Guadeloupe », souffrante, elle aussi, — ma pauvre petite « princesse ! » — était allée se rétablir à Saint-Pierre. C’est pour cela que je suis encore à bord de l’Augustine Bourdon.)

J’ai cinq francs pour monter mon ménage à la Martinique, car j’ai versé dix louis au Capitaine pour mon mois. Nous avons mis exactement trente jours à venir du Havre jusqu’ici. Je compte : vingt-deux jours du cap de la Hève à la rade de la Pointe-à-Pitre, — traversée extraordinairement rapide, — six jours pour décharger, un jour pour lester, et vingt quatre heures pour filer grand largue d’une colonie à l’autre.

Il paraît que ce n’est pas l’usage de payer sur le bateau, que l’on doit s’ « arranger » au retour avec l’armateur. Mais j’ai déclaré à Le Coatmabergastmelen que je n’étais pas sérieux, que je ferais des bêtises à terre et il a consenti à me rendre service