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sormais, — si Kmôhoûn me laisse faire, — de ceux qui me connaissent, car à tous, aliénés ou sains d’esprit, j’apporterai une inquiétude ou une souffrance.

Comment agirai-je avec Irène ? Vais-je aussi l’effrayer et l’humilier. Elle a plus de raisons que n’importe quelle créature humaine de redouter mon approche ! — Mais une douce et vaniteuse folie me reprend : Irène est Irène. Elle n’est pas comme les Autres. Elle me pardonnera. Ne viendrai-je pas pour la soustraire aux mauvais traitements de ce monstre de Letellier, du mauvais magicien ?

Il me reste bien un doute qui me déchire le cœur, mais je m’en délivre assez vite. Il me semble que je lui arrache, — à ce doute, — les griffes, les serres plutôt, — et qu’il fuit comme un grand oiseau noir mutilé, — ridicule et pitoyable. Cette étrange matérialisation « d’un doute » m’épouvante de nouveau. Je deviens, bien sûr, de plus en plus dément : pourvu qu’un accès de folie furieuse ne s’empare pas de moi avant que je L’aie revue, rien que revue. — Ah ! Irène ! tes yeux noirs brûlants qui caressent vont me guérir ! Tu m’aimes, tu dois m’aimer, si absurdement laid, si stupide que je sois ! Tu as dû me pardonner mon odieuse brutalité. La passion que j’ai éprouvée pour toi, — avant et après le « crime », — a toujours ou presque toujours été si pure, oui si purement tendre qu’il y a des moments où le Monde Invisible me pardonne, où l’espace n’existe plus pour moi et où je sens ton