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Brillac, le musicien Brice, l’incomparable Sâr Assourbanipal Dupont, concurrent et ennemi de Péladan, — moins talentueux, par exemple ! — voici même le Juge Persil et l’ex-normalien Le Bigrier transfuge de la Rue d’Ulm, entré dans les ordres et devenu prédicateur à la mode. Un prêtre au Darcourt ? Je dois rêver ! C’est bien lui, pourtant, mais déguisé en monsignore romain, ce qui m’étonne.

Ils sont des centaines, maintenant, qui se pressent dans le café, laissant pourtant un espace libre vers le centre de la salle.

Tout à coup on ferme les portes, on baisse les tonitruants stores métalliques, le patron de l’établissement fait un signe et Irène tombe du plafond, oui, elle ! Irène ! qui se met à danser toute nue sur le carré de plancher blanc margé de costumes sombres parmi lesquels la soutane du Monsignore éclate comme une touffe de violettes au milieu de scabieuses. Irène danse nue, se penche, se relève, se cambre, semble s’offrir toute avec une furieuse lubricité qui me désole et me transporte… et quelqu’un me saisit par le bras et me secoue. Je reconnais le poète Nélix. Grâce à lui on a publié assez souvent des vers de moi dans la « Revue Rouge », seul périodique parisien où j’aie eu la joie de « lire mon nom imprimé ». Le Darcourt a repris son aspect habituel et, cette fois-ci, je ne rêve plus :

— Eh bien ! s’écrie Nélix, que se passe-t-il donc ? Je vous surprends à dormir les yeux ou-