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Julien ne se fâche pas. Il me considère un moment, sans parler ; — et je vois que ses yeux dont l’expression n’est jamais dure, malgré les terribles sourcils et les cils épais qui les font luire d’un éclat un peu farouche, deviennent très doux, d’une douceur qui me fait mal :

— Mon pauvre garçon ! s’écrie-t-il, ce n’est plus toi ! Oh ! je ne dis pas du tout que ces imbéciles de Vassetot et cette crapule de Roffieux aient eu raison quand ils ont prétendu que tu avais le cerveau atteint ; mais il y a chez toi je ne sais quoi de bizarre, de déroutant. Je veux te faire soigner ici, — ici même. Pas de maisons de santé, de traitements exaspérants ! Je connais « des gens » qui comprendront que ton affection est purement nerveuse et qui te tireront d’affaire, rien qu’en t’imposant une petite discipline mentale, en te traçant un programme de vie nullement sévère, comportant des distractions, des sorties…

Kmôhoûn m’empêche d’écouter le reste de la phrase… Je crois que mon crâne va éclater. Le tkoukrien hurle et tempête mais « pour moi seul ». Seul je puis entendre le vacarme affreux dont m’affole son abominable explosion de rage ; je vais encore dire une sottise, — après tant d’autres, — mais je ne sais pas m’exprimer de façon plus raisonnable. C’est un vacarme psychique dont nul ne sera épouvanté que moi, mais moi j’en suis ahuri. Je ne perds pas un des mots que Kmôhoûn crie bien qu’il n’en articule aucun. Je n’ai pas la