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vous voir en bonne santé. Pauline, un couvert !

Elle réclame ce couvert comme si elle ordonnait à la femme de chambre de m’administrer le knout et me regarde avec un déplaisir de plus en plus marqué.

— Mais asseyez-vous donc ! C’est… charmant de nous faire cette… agréable surprise. Mais pourquoi ne nous avoir pas écrit ?

Quoiqu’elle en ait, son ton devient sévère. Je sens bien qu’elle m’examine avec une sorte de dégoût, qu’elle regrette d’avoir ignoré ma venue. Un petit voyage à sa maison de campagne de Ville-d’Avray l’aurait soustraite à l’obligation de prendre quelques repas côte à côte avec un fou peut-être mal guéri. Mon frère, sachant qu’elle ne reviendrait qu’après mon départ, se serait débarrassé de moi le plus vite possible ! Je sais, du reste, que c’est sa tactique habituelle quand elle redoute les visites de gens, à ses yeux, tarés, de malchanceux peu présentables, de parents pauvres.

Je perds le joyeux aplomb reconquis auprès de mon frère dont l’accueil affectueux m’avait relevé dans ma propre estime.

Assis entre Julien et Adrienne, je me vois sur la sellette, — coupable, — ou en tout cas accusé de quelque chose de vague mais de déshonorant. Je n’ose plus guère bouger et mes rares gestes sont « en bois ». Comme toujours, lorsque je suis intimidé, je souffre de mille petits agacements physiques. J’éprouve des démangeaisons au front, dans