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avisée de me juger à ma place dans une maison de fous et de considérer comme blâmable une intervention de son mari dans mes affaires, Julien aura lutté de toutes ses forces pour l’amener à modifier sa manière de voir, mais ne se sera décidé à entreprendre la moindre démarche que le jour où il l’aura convertie à son opinion.

Je lui raconte aussi brièvement que possible ce qui s’est passé dans l’établissement naguère égayé (?) par les chevauchées de Bid’homme et aujourd’hui transformé en succursale de la Préfecture de Police. J’ai soin de passer sous silence l’installation du belliqueux Kmôhoûn dans ma pauvre cervelle mais j’avoue l’attentat dont Irène a été victime en attribuant ma sauvage brutalité à un accès de folie amoureuse… (Je n’étais pas encore guéri à ce moment là, etc…)… Ce n’est que lorsque j’ai été « certain » d’avoir recouvré toute ma raison que j’ai voulu fuir une maison, pour moi hantée de souvenirs sinistres.

Mon frère m’écoute en se maîtrisant pour ne pas s’emporter. Je crois que si M. Bid’homme l’avait eu pour pensionnaire à ma place, le déplorable aliéniste n’aurait pas attendu la semaine dernière pour renoncer à l’équitation. Il n’eût plus jamais rencontré de selle assez douce pour son râble cruellement endommagé.

Quand j’ai fini mon court récit, Julien demeure comme partagé entre la perplexité et la colère. Il se tire la barbe, puis ferme les poings, puis, malheu-