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prendre garde à ses genoux, et si l’on a envie de s’étirer les membres, il est préférable d’aller le faire dehors.

Mon frère qui écrivait, assis devant une petite table de teck incrustée d’ivoire et de nacre, se lève, s’exclame, me prend aux épaules et m’embrasse. Un autre gaillard que moi, mon frère, — heureusement pour lui ! — Haut d’un mètre quatre-vingt-dix, la face aux grands traits encadrée d’une barbe noire grisonnante qui retombe en nappes luisantes sur son gilet, large d’épaules au point d’être un danger perpétuel pour les suspensions et les étagères, il paraît immense dans ce salon bas de plafond.

Il s’écrie encore : « Mon pauvre Philippe ! T’avoir encagé, les canailles ! Mais regarde-moi, je vois que tu n’as rien de ce qu’ils disent ! Tel que je te connais, tu as dû te faire une bile noire ! Et ce Froin qui m’appelle, puis me donne contre-ordre, puis après cela fait le mort ! J’étais fort inquiet. Je serais déjà parti sans la crainte de gâter encore tes affaires. Mais, cette fois, tant pis !… J’allais me présenter chez ton Froin et lui transformer un peu les os en castagnettes. »

Si franc qu’il soit, Julien ne me dit pas tout : D’une bonté furibonde, — (c’est le mot) — dévoué, prêt à donner sa peau pour l’un des siens ou même pour un simple camarade, courageux comme on ne l’est plus que dans les plus improbes romans pour jeunes filles, il ne craint rien au monde, absolument rien, — que sa femme ! — Si ma belle-sœur s’est