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miers et, d’une voix glaciale qui me fait peur, oui, peur ! à moi, malheureux dément lucide mais impressionnable comme un gamin :

— Ce sont les malades qui commandent ici ? oh ! il faut que cela change ! Vous m’entendez, gardiens ! Si vous vous montrez serviles envers quelque pensionnaire que ce soit, je vous ferai chasser et sans certificats. Douchez le patient !

— Mais, Docteur…

Douchez le patient ! — Pas là ! Mettez-le sous l’appareil neuf ! Pas de pluie ! Enlevez-moi cette pomme d’arrosoir, la colonne d’eau !… et vite !

Il y a une courte lutte entre les gardiens et Bid’homme.

— Attachez-le aux montants de fer : cordez, cordez ! N’ayez pas peur ! ordonne le médecin-adjoint.

Je me sauve pour ne plus voir ni entendre l’infortuné Bid’homme. Il a eu comme une lueur d’intelligence dans l’œil, s’est mis à trembler affreusement de tout son pauvre corps nu, — puis a positivement beuglé.


La semaine suivante, le Dr  Froin est parti. Je n’ai plus d’ami dans la maison que Léonard, car je ne puis guère compter sur Magne, Nigeot et les autres membres du « Club des Philosophes ». Ce sont des prisonniers comme moi, des êtres en tutelle, des âmes des limbes ; ils ont de bons sentiments comme les autres hommes mais ils sont trop pareils à moi. Tout chez eux est à l’état