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» Je n’en ai pas de rechange. Maintenant, tirez la ficelle : petite pluie d’été sur le crâne. Petite pluie, crapouillots ! On ne vous demande pas un déluge ! (L’appareil n’est guère plus puissant qu’un vaporisateur).

On ne douche pas le redoutable nabot ; les gardiens ont encore peur de lui. L’ex-aliéniste « fait » de l’hydrothérapie à son gré, tout bonnement.

— Assez ! Vous donnerez au malade deux litres de bon Bourgogne, un gigot entier bien saignant et une douzaine de pêches ; après cela café et « fine ». C’est le petit Bid’homme, mon « loufoc » de prédilection, un délicieux toqué que je guérirai en six semaines. Il faut me le soigner — et gentiment, ou je vous f…che à l’eau, à la grenouillarde !

Il se tapote l’occiput avec précaution et amour. Je suis touché de sa tendre affection pour lui-même et les infirmiers n’osent pas trop rire…..

…..Mais une porte s’ouvre. Un personnage ni jeune, ni vieux, quarante ans peut-être, grand, maigre, blême, à face de bedeau ou de surveillant de lycée « vieux jeu », — tout rasé, le nez en bec de canard, l’œil hypocrite et « fouilleur », le menton en crosse renversée, fait son entrée, — un gros bouquin sous le bras gauche, un trousseau de clefs monstrueuses à la main droite. Tout est noir dans son costume, depuis sa cravate jusqu’à ses guêtres de drap terne qui mettent en valeur l’hypnotisant vernis de cirage d’interminables souliers larges et plats.

C’est le nouveau médecin-adjoint, arrivé de ce