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pas même mis en observation ! Mais il s’était si bien amendé ou… du moins… je croyais ! Eh ! l’on n’a pas le droit de croire avec une responsabilité comme celle-ci ! On a le devoir de tout observer, de tout surveiller soi-même !… Au fait, si ce malheureux est fou, j’agirai mieux en l’enfermant ici, tout de suite. Je vais savoir cela dans une minute !… Ah ! vieillir ! perdre sa santé ! ne plus s’occuper — (et insuffisamment !) — que d’une partie de ses obligations ! Il faut que je me retire, que je mette un autre médecin plus jeune à ma place !

À ce moment il m’avise inquiet, malheureux, ne sachant que faire de moi-même : dois-je rester là ou me sauver bien vite, au contraire ? Malgré mon désolant état d’esprit je conserve une lueur de « bon sens » (?) ou plutôt de ruse intéressée, égoïste. Si l’explication a lieu tout de suite, elle sera moins féroce que plus tard, quand le Docteur aura repris tout son sang-froid.

Il m’avise donc et marche droit à moi :

— Monsieur Veuly, votre conduite a été inqualifiable. J’aime à croire que votre responsabilité n’était pas entière quand vous avez enivré cette odieuse fille Bouffard — Oui, monsieur, la scène est très facile à reconstituer ! — et accompli vos exploits de Turcoman. Mais l’heure est mal choisie pour vous traiter comme vous le mériteriez. Vous êtes plus malade que jamais et sous le coup des sauvages tortures que ces bandits vous ont infligées. En tout cela je suis plus coupable que vous.