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tonnerre des crosses ébranlant le sol, à une parade de soldats, à une dégradation militaire. Une horrible voix de soudard alcoolique ânonne des mots stupides et féroces…

… Mais ce que j’entends, c’est l’épouvantable fracas des battants blindés, les cris des barres de fer, le baryton guttural et insistant du Bid’homme qui approche :

— Où est-il, le « bragouillon », le « strigouillât », le « schniffamouck » ? Il va la danser, cette fois, la « salampouff », le « vachardouillaud », le « sacribouillacastafouinouillard ! »

(Et Bid’homme est du Doubs ! On le croirait de Saint-Flour !)

Ah ! je savais bien que je ne verrais pas le nabot, ce matin, sous les traits du jeune médecin pensif pour illustrations, son rôle préféré depuis quelque temps ! C’est le « Bid’homme dans un bénitier  » qui va ruer de mon côté ! Il donne déjà des coups de pied dans la porte et doit arracher les clefs à un gardien, car une poigne d’épileptique crochette la serrure et le battant de fer est — positivement — jeté contre la muraille.

L’aimable aliéniste bondit sur moi comme un chat-tigre et me cloue ses énormes doigts velus dans le cou, tandis que ses bottes me martellent les tibias et qu’il beugle : « Saloupiou ! Saloupiat ! » au moins dix fois de suite. Je ne puis résister au désir de lui assener deux phénoménaux coups de poing sur le crâne et ce m’est une douce satisfac-