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colère ? Il y a, sans doute, de cela : mais ce n’est pas tout. Je crois que le speech de Mme Robinet est pour quelque chose dans mon hilarité intempestive.

Nous dépassons la porte par laquelle je suis sorti et nous voici devant une véritable entrée de casemate. De formidables barres de fer et des battants blindés crient dans la nuit. Nous nous engageons dans un couloir bas, voûté ; d’autres portes de métal brillent à la lueur de la lanterne que balance un petit gardien à face de korrigan.

Bientôt Dornemain ouvre l’une des cellules et m’y lance d’un coup de pied. Après quoi, il referme. Les serrures font une sinistre musique ; les pas de mon « bourreau » s’éloignent ; un lourd vacarme de battants m’apprend que ce vengeur de la morale se retrouve à l’air libre, — lui ! Et la prison de fer se rendort.

Je tâtonne dans l’obscurité. Mon cachot est exigu : les deux bras étendus, je touche d’une main la porte, de l’autre une paroi rembourrée et puis constater que ma demeure actuelle n’est pas plus large que longue. En me baissant un peu, j’ai rencontré une sorte de lit de sangle sans matelas ni couvertures.

Je m’y assois, attendant le jour qui met des siècles et des siècles à paraître. Seul, dans le noir, je sens mon effroyable gaîté s’apaiser en même temps que ma rage et bientôt je suis plongé dans une abjecte désolation.