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la veux ! C’est ta « princesse », celle dont j’ai vu l’image dans ma tête ! Mais combien elle est plus belle, plus exaltante que son reflet pâli, terni par ton âme grisâtre et débile ! Courons à elle !

J’oppose à sa frénésie une résistance désespérée. Kmôhoûn a beau me menacer de me faire hurler de manière à ameuter toutes les gardiennes, — je ne veux pas, — je ne cèderai pas !

Mais je m’aperçois d’une chose abominable. Mon corps obéit mieux à mon sinistre ennemi qu’à moi-même. Et malgré mon angoisse et ma fureur, il m’est évident que la vile « machine » veut, elle aussi, m’emporter vers Irène. Et c’est elle, la machine, qui asservit mon âme, qui la change à son gré, qui en fait une âme de tkoukrien !

Ma « princesse ! » Je ne la vois plus, comme avant, radieuse d’une beauté de rêve ; je me la figure dans des attitudes ignobles, — je me surprends à penser : délicieusement ignobles ! Et bien d’autres mots affreux vont me monter aux lèvres. — Bientôt, je n’ai plus qu’un désir : prendre la clef !

Nous la trouvons dans la poche de la grosse que nous fouillons sans ménagements, qu’ingrats, nous traitons, à présent, comme un encombrant colis !

— Il n’y a pas de danger qu’elle se réveille : elle cuve !

Nous l’oublions une fois sa porte refermée sur elle. Nous sommes dans le noir ; vite une allumette ! La clef joue déjà dans LA serrure. Nous entrons dans LA chambre.