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vous bien pas ! Ah ! qu’il est tourment ! — Lâchez-moi que j’ouv’ la porte.

Nous sommes arrivés. La petite pièce qui sert de nocturne écrin aux charmes imposants de Mlle Bouffard ressemble à un corridor arrêté dans sa croissance. Elle est éclairée par une veilleuse à lueur blonde et rose comme l’occupante et presque encombrée par un monumental lit de fer proportionné au volume de la précieuse cargaison :

— ’Faut pas d’bruit ! siffle tout bas Célestine. Pêchez-vous ’tirer vos chaussures !

Je m’exécute, confondu, ahuri d’être là, mécontent d’avance de ce que je vais certainement faire. La plantureuse infirmière m’imite, puis désirant que ne réveillent personne sa jupe traînante et ses bouffantes manches frôlantes, elle enlève robe et corsage et demeure en petit jupon et en corset. (Il faut respecter le sommeil de ses voisins). — Le paysage entrevu m’impressionne malgré moi.

— Y a qu’une chaise. Assôhiez-vous d’ssus, moi je m’assîrai où que j’pourrai, tiens ! su’ l’lit ! continue Mlle Bouffard. Pis « c’est pas tout ça ». Vous qu’êtes pus près, ouvrez donc la table de nuit. C’est là qu’est la cave !

Les fonds de bouteille montent haut dans le pays de mon aimable hôtesse ! Des fonds de plus de soixante centilitres ! — On trinque avec des précautions infinies, mais souvent et coup sur coup ; en dix minutes la bouteille a dit son dernier mot. Entre temps, — Kmôhoûn ne m’a pas permis